14 - Les grenades percutantes offensives
Grenade OP1 Mle 1915 ou Pétard Thévenot-Lafitte :
Son inventeur est très probablement Théodore Lafitte, ingénieur prolixe essentiellement dans le domaine de l'automobile. Il ne déposera de brevet pour son invention initiale mais seulement pour un modèle amélioré adopté par l'armée espagnole en 1921 (brevet espagnol ES82214 en1923 et brevet français FR592710 en 1925).
François Thévenot est un industriel en BTP, constructeur de barrages hydro-électriques et en contrat avec l'état pour l'électrification des voies ferrées dans les deux premières décennies du 20e siècle. Vers 1913, il fait l'acquisition d'une poudrerie à Croix de Hins en gironde pour les besoins de ses chantiers de travaux publiques. A l'entrée en guerre, l'activité de la poudrerie s'oriente vers la production de guerre des grenades du système AASEN (P2, Aasen à fusil et en tube de lancement) ainsi que l'OP1 Mle 1915. Ces modèles sur le front français n’ayant pas été remportés un franc succès, ils auraient été relégués sur le front italien. En Italie, l'OP1 Mle 1915 était connue comme « Pétard Thévenot ».
Il est intéressant de noter que les italiens n’ont à priori pas trouvé les mêmes défauts à ces grenades que les français et en ont fait un grand usage.
Le pétard Thévenot sera également fabriqué en Italie. D’après Nevio Mantoan, la seule différence entre les deux origines de fabrication réside dans la présence sur la plaque de sécurité soit d’un disque rouge pour la version française soit d’une étoile pour la version italienne. Il existe une version défensive et incendiaire du pétard Thévenot en Italie. Talpo.it.
C’est à l’origine une grenade offensive avec fusée d’impact mais à l’usage son utilisation deviendra défensive par la nécessité de se protéger des projections en retour. La grenade est de forme cylindrique en fer blanc d’un diamètre de 6 cm pour une longueur de 14 cm traversée dans sa longueur par un tube de fer blanc où sont logés le détonateur (1) et le percuteur (2) armé par un ressort en spirale (3). Ce tube est fermé aux deux extrémités par un bouchon à vis en fer blanc (4). A l’une des bases, on retrouve un deuxième bouchon (5) qui correspond à l’orifice de chargement de la grenade (6). Au centre de la boite, on retrouve un orifice de diamètre et forme variables qui renferme un cylindre rempli de sable ou de limaille de fer (7) qui maintient en place un chevalet de sécurité (8) s’interposant entre le percuteur et le détonateur. Ce cylindre est maintenu en place par un ruban (9) de tissu de 2 cm de large et d’une longueur de 4 tours, entourant la boîte et fixé à une plaque de sécurité (10) maintenue en place par une goupille en forme de fourche en U (11) s’insérant dans 4 embouts du corps de grenade.
Le fonctionnement nécessitait d’arracher la goupille en U et de lancer la grenade. Au lancer, la plaque de sécurité libérée, déroule le ruban qui ne maintient plus le cylindre et le chevalet de sécurité. A l’impact, le cylindre et le chevalet sont éjectés et libèrent le percuteur.
Le poids à vide était de 260 g pour une charge de 170 g d’explosif Echo soit 400 à 420 g. Sa longueur de 132 mm de bouchon à bouchon pour 62 mm de diamètre.
Plus d'info : Pétard Thévenot-Lafitte (OP1)
granada de mano « Lafitte » modelo 1921
Le pétard Thévenot aura une deuxième vie dans l'Armée espagnole jusqu’en 1946 où il deviendra réglementaire en 1921 sous le nom de granada de mano « Lafitte » modelo 1921. Il sera l’une des grenades à main les plus utilisée par les troupes nationalistes durant toute la Guerre Civile, et d'une moindre manière par les troupes républicaines.
Ce sont ces grenades qui sont généralement proposées en collection. Elles sont reconnaissables à leur marquage qui varie selon les usines de fabrication :
- SA – Subsecretaria de Armamento en Corogne
- MAT dans un losange - Pampelune
- RSR dans un losange
- FAS – Fábrica de Artilleria de Sevilla
- G. – Pour certains Generailtat de Catalunya pour
d’autres, une marque de l’armée nationale du Sud
- Symbole de la Légion
- 2 parfois 3 cercles concentriques
- Différents types de cercles
Leur couleur était en général kaki avec le bouchon du détonateur peint en jaune.
Il existe également des différences de longueur du corps. Le modèle 1921 est plus long (154 mm de bouchon à bouchon) et le diamètre légèrement plus petit de 60 mm.
Les témoignages négatifs sont abondants concernant son utilisation en Espagne pendant la guerre civile :
- trop volumineuse,
- d'un mécanisme complexe et tendant aux ratés,
- trop puissante pour une grenade offensive, son rayon d’action théorique de 8 à 10 mètre était souvent dépassés jusqu’à 30 mètres par la projection des parties métalliques de l’enveloppe et du mécanisme interne,
- trop sensible aux conditions climatiques : l'humidité distendait le ruban de sécurité, la grenade manquait d’étanchéité, l’oxydation rendait le mécanisme inutilisable.
Grenade OP2 Mle 1915 ou Pétard Willocq :
La description de cette grenade se retrouve dans le livre de Patrice Delhomme. Cette grenade complexe donna propablement peu satisfaction car peu d'images circulent sur les sites de collection. Le seul exemplaire visible semble être celui du musée de l’armée aux Invalides à Paris.
Cette grenade avait la forme d’un cylindrique en fer blanc traversée par un canal central. A son extrémité supérieure, le percuteur était placé dans un tube solidaire d’une coupole en fer blanc coulissant d’1,5 cm sur le cylindre. Le percuteur était maintenu armé par un ressort en spirale, maintenu bloqué par 2 billes dans le tube central. La course vers le bas de la coupole permettant une descente du tube dans un espace plus large du canal central où les billes s’échappaient et libéraient le percuteur.
La coupole était bloquée en position de sécurité par un cliquet attaché à un ruban réalisant plusieurs tours autour du cylindre. Ce ruban était uni à deux demi-coquilles cylindriques à charnière entourant le corps de la grenade et se fermant par une pince sur la clef de sécurité. Sous la charnière un gros ressort tendait à ouvrir les deux demi-coquilles.
Grenade percutante d’improvisation :
Durant les premiers mois de 1915 l'approvisionnement en grenades percutantes est assuré par la fabrication artisanale et l'importation. Ce modèle a du suivre une certaine standardisation dans les ateliers de l’arrière du front car bien que rare, elle est retrouvée dans les collections selon les mêmes standards.
Elle est construite à partir d'une douille tirée de pistolet lance fusée de 25 millimètres. La douille était remplie d’explosif et fermée par un bouchon en acier à pas de vis à sa base. Le bouchon contenait à sa base un bloc de plomb mobile recevant une amorce et remplissant le rôle de masselotte. Le percuteur conique était fixe et visé au sommet du bouchon. La masselotte et le percuteur étaient séparés l'un de l'autre par un ressort. La sécurité était assurée par une goupille traversant et immobilisant la masselotte.
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